(Atlar, Lat - autel, Fr.) L'origine du mot latin signifie plate-forme élevée. Table en marbre, pierre, bois ou simplement terre gazonnée, élevée pour célébrer une cérémonie religieuse et sur laquelle était déposées des offrandes aux divinités.
Les plus anciennes références à l’autel semblent provenir de la Bible où il est dit ‘Noé construisit un autel au seigneur’. Dans la tradition juive les autels étaient principalement utilisés pour bruler l’encens et consacrer le pain. Après que les juifs rentrèrent de captivité à Babylone, les autels furent construits d’une manière différente : souvent ils n’étaient qu’une pyramide de pierre. L’autel de Salomon était fait de laiton et d’une variété de pierre inconnue. Dans l’antiquité la taille du roc utilisé pour l’autel était un signe de dignité et de puissance.
Chez les anciens, les autels différaient entre eux par leurs usages, par leurs formes, par leurs ornements et par leur situation. Les uns servaient à faire des libations ; les autres étaient destinés à l'usage des sacrifices sanglants ; d'autres enfin, étaient faits pour recevoir les offrandes et les vases sacrés. Ces derniers présentaient, à la partie supérieure, une surface plane, tandis que les premiers étaient creusés en forme de plateau ou de petit bassin. Un grand nombre d'autels ne servaient même que pour la représentation ; ils étaient les monuments de la piété de ceux qui les consacraient. Parfois, on en élevait pour conserver la mémoire de quelque grand événement. Quant à la forme des autels, elle était excessivement variée. Les premiers furent composés de terre ou de pierres brutes, comme ceux qu’élevèrent les patriarches et dont parle la Genèse et ceux que les peuples celtiques ont construits, sous les noms de menhirs et de dolmens . Ils étaient triangulaire, quadrangulaire ou cylindrique. Les uns étaient pleins, pour les holocaustes, les autres étaient creux pour les libations. Leurs dimensions étaient restreintes, quelques-uns étaient portatifs. On les faisait généralement en pierre ou en marbre ; mais, au dire de Pansanias, il y en avait aussi en bois ; certains même étaient en métal et offraient l’aspect d'un trépied. Leur hauteur était très-variable ; il y en avait qui n'allaient pas même à la hauteur du genou ;
Mais quand les hommes crurent honorer la Divinité et se la rendre plus propice par effusion du sang, les autels devinrent plus considérables. On y adopta diverses formes relatives aux usages et à la nature des sacrifices où l’on égorgeait et brulait les victimes. De ce genre est le grand autel circulaire de la Villa Pamphili à Rome , un des plus grands et des plus beaux qui nous soient parvenus. On y remarque encore l’endroit où l’on mettait les charbons, et où l’on allumait le feu pour griller les victimes, ainsi que certaines rainures qui servaient à l’écoulement du sang. Les autels chez les anciens différaient entre eux, parleurs usages, par leurs formes, par leurs ornements et par leurs situations.
Les autels romains étaient, en général, des piédestaux carrés couverts d’ornements et d'inscriptions. On en mettait dans les maisons pour honorer les dieux domestiques, dans les cirques, dans les théâtres. Les temples en renfermaient ordinairement trois : le premier, situé dans le sanctuaire, au pied de la statue du dieu, et sur lequel on brûlait l'encens et l’on déposait certaines offrandes ; le second, placé à la porte du temple ou sous le péristyle et souvent même en plein air, pour les holocaustes ; le troisième, appelé anclabris, et sur lequel on déposait les offrandes et vases sacrés : ce dernier était portatif. La décoration des autels rappelait leur destination ou les cérémonies qui avaient lieu les jours de fête. C'est ainsi que l’on y voyait des têtes de victimes, des patères, des vases et d’autres instruments de sacrifices, mêlés aux guirlandes de fleurs qui paraient les victimes, aux bandelettes cl autres accessoires de ce genre. (Voir AUTELS ROMAINS -->)
Autel de la paix d'Auguste ,13-9 avant JC
Quelques autels étaient décorés d'inscriptions indiquant l'époque de leur consécration. le nom de celui qui les avait élevés, les motifs de cette dévotion et la divinité qui en était l'objet. Les plus beaux et les plus riches étaient ornés de bas-reliefs. Sur plusieurs on voit la représentation de la divinité à laquelle ils étaient consacrés, ou de ses attributs. Vitruve prétend que les autels devaient être tournés vers l'Orient, et il parait que cette condition était particulièrement observé pour les autels de forme carrée, que l’on adossait au piédestal d’une statue.
Autel taurobolique de Cybele et Attis. (Musée du Vatican) & Taurobolium trouvé sur la coline de Fourvière à Lyon.
On appelait autels tauroboliques ceux qui servaient aux sacrifices expiatoires offerts à Cybèle. Ils étaient placés au dessus d’une fosse recouverte d’une planche percée de trous et dans laquelle le prêtre se faisait arroser de sang d’un taureau immolé sur l’autel par le prêtre sacrificateur appelé victimaire. Ces autels étaient orné, sur l’une de leurs faces au moins, de têtes de taureaux
Les autels des Egyptiens et des Asiatiques étaient coniques ou cylindriques et posés sur une base formée de pieds de griffons et couverts d’hiéroglyphes ou de caractères cunéiformes. C'étaient généralement des monolithes en granit ou en basalte, évasés à leur partie supérieure et creusés en entonnoir.
Chez les Grecs, la forme des autels était triangulaire, quadrangulaire ou cylindrique. Les uns étaient pleins, pour les holocaustes, les autres étaient creux pour les libations. Leur dimensions étaient restreintes et certains étaient portatifs. On les faisait généralement en pierre ou en marbre. Certains mêmes étaient en métal. Leur hauteur était très variable.
Ciceron, Caesar et Tacite citent les sacrifices humains effectués sur les autels druidiques. Ces autels étaient souvent des blocs de rocher massifs. Avec l'arrivée des romains la forme des autels évolua, s'inspirant des autels de l'empire.
L’autel chrétien consiste en une surface plate surélevée, de forme tabulaire sur laquelle le sacrifice de la messe est offert. La plus ancienne référence à l’autel chrétien figure dans St. Paul (Corinthiens 10:21); Le texte des apôtres oppose la table du Seigneur sur laquelle l’Eucharistie est offerte à celle des païens, " table du diable".
sept chrétiens assis à une table semi-circulaire pour célébrer l'Eucharistie,
Fractio Panis fresco, Capella Greca, IIème siècle après JC .
Dans les églises chrétiennes l’autel principal est situé, la plupart du temps, dans la partie est du chœur ; Aux premiers temps de la chrétienté ils étaient en bois et souvent portables. Par exemple l'autel de Saint-Jean de Latran était de bois. A partir de l’empereur Constantin la pierre est presque systématiquement utilisée. Le pape Sylvestre, au début du quatrième siècle ordonna que tous les autels soient de pierre. Le sixième canon du consile de Hippo ( Hippo est le nom romain d'Annaba en Algérie) interdit la consécration d'autels en bois.
Au début du Christianisme les autels étaient souvent de petite taille, parfois de la forme d’un sarcophage et presque toujours creux car était enfermé à l’intérieur de l’autel les reliques du saint vénéré dans l’église.
Sur les tables d’autels fixes, il était d’usage, dès avant le IXème siècle, d’incruster des propitiatoires, qui étaient des plaques d’or ou d’argent sur lesquelles on offrait le saint sacrifice. Anastase le Bibliothécaire dit, dans sa Vie du pope Pascal Ier, que ce souverain pontife fit poser un propitiatoire d’argent sur l’autel de Saint-Pierre de Rome, un sur l’autel de l’église Sainte-Praxède, sur les autels de Sainte-Marie de Cosmedin, de la basilique de Sainte-Marie Majeure.
Les autels les plus anciens connus sont généralement portés sur une ou plusieurs colonnes L’usage des autels creux ou portés sur des points d'appui isolés s’est conservé jusqu’au XVème siècle. L’autel n’était considéré jusqu’alors que comme une table sous laquelle on plaçait parfois de saintes reliques, ou qui était élevée au-dessus d’une crypte renfermant un corps-saint; car,les reliquaires étaient plutôt, pendant le moyen âge, posés, à certaines occasions, sur l’autel que dessous. Il n’existe plus, que nous sachions, en France, on ne trouve pas d'autels complets d’une certaine importance antérieurs au XIIème siècle. On en trouve figurés dans des manuscrits ou des bas-reliefs avant cette époque ; mais ils sont très-simples, presque toujours sans retable, composés seulement d’une table supportée par des colonnes et recouverte de nappes tombant des deux côtés jusqu’au sol. L’usage des retables est cependant fort ancien, témoin le retable ordonné par l’empereur Henri II à la cathédrale de Bâle, en 1019, et conservé aujourd’hui au musée de Cluny.
Au moyen âge, les autels étaient cou-ronnés de tabernacles et de reliquaires .Les plus simples étaient accompagnés de retables A partir du XII° siècle, les baldaquins reparurent avec une grande richesse d’ornementation et des formes architecturales empruntées aux ordres gréco-romains. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les autels devinrent de véritables portiques de temple. Les plus simples étaient accompagnés de retables.
L’intérieur de l’autel, c’est la pureté du cœur. L’extérieur de l'autel, c’est le bûcher ou l’autel même de la croix
En second lieu, l'autel signifie aussi l’Église spirituelle ; et ses quatre coins, les quatre parties du monde sur lesquelles l’Église étend son empire. Troisièmement, il est l’image du Christ, sans lequel aucun don ne peut être offert d’une manière agréable au Père. C’est pourquoi l’Église a coutume d’adresser ses prières au Père par l’entremise du Christ. Quatrièmement, il est la figure du corps du Seigneur. Cinquièmement, il représente la table sur laquelle le Christ but et mangea avec ses disciples. Or, poursuit-il, on lit dans l’Exode que l’on déposa dans l’arche du Testament on du Témoignage la déclaration, c’est-à-dire les tables sur le¬quelles était écrit le témoignage, on peut môme dire les témoignages du Seigneur à son peuple, et cela fut fait pour montrer que Dieu avait fait revivre par l’écriture des tables la loi naturelle gravée dans les cœurs des hommes.