ornement.net

MARBRE

Le marbre est une roche métamorphique dérivée du calcaire et qui a la faculté de pouvoir être polie. Sculpteurs et architectes donnent le nom de marbre à toute une série de pierres plus dures que le gypse et qui sont susceptibles d’un beau poli. Les anciens ont classé dans les marbres les granits, les porphyres, les jaspes, les albâtres.
On ne saurait déterminer, d’une manière précise, à quelle époque le marbre fut employé pour la première fois dans l’architecture ; on pense seulement que l’usage de cette pierre remonte à une assez haute antiquité.
L’ile de Chio, ainsi que l’île de Crète, fournissent beaucoup de marbre blanc, et cette variété de marbre est très commune dans l'Asie Mineure. C'est aussi de ces contrées que les riches Romains liraient les marbres dont ils décoraient leurs demeures, tas palais, à Rome, ne semblaient magnifiques que s’ils étaient revêtus de marbres grecs. Ceux  ci avaient, d’ailleurs, sur les marbres de l’Italie l’avantage de la dureté qui procure le beau poli et de la pureté de la couleur, qualités de ces pierres qui étaient alors les plus recherchées. C’est seulement sous l’empereur Claude que l'on commença à teindre les marbres pour en faire des contrefaçons de marbres bigarrés. Sous Néron, on diversifia les couleurs, en transportant à l'un les taches ou les veines d’un autre.

Les athéniens employèrent pour la construction de leurs édifices, soit le marbre pentélique, soit celui du mont Hymette, que l'on préférait, dans l’exécution à cause de sa blancheur et de ses propriétés, tas carrières de la Phrygie fournissaient un marbre blanc mêlé de différentes couleurs. Près de Mégare, on trouvait un marbre coquillier, qu’on employait aussi pour les édifices, mais il n’avait pas beaucoup de dureté. Près de Phigalée, en Arcadie, on exploitait un marbre gris avec des veines rougeâtres ; on l’employa à la construction du temple d’Apollon Épicurien. Presque toutes les îles de l’Archipel avaient des carrières de marbre. Celui de Paros était le plus estimé ; on l’employait pour en faire des statues plutôt que pour les constructions. Les habitants d’Éphèse tiraient leur marbre du mont Prion, situé près de leur ville; ceux de Téos employaient, pour leurs monuments publics, un marbre gris qu’on trouvait dans les environs. A Mylassus, en Carie, il y avait un marbre fin de couleur blanche. L’ile de Proconèse, près du promontoire de Sigée, dans l’Asie Mineure, était célèbre par ses belles carrières de marbre, et, à peu de distance d’Alexandria Troas, on trouvait du marbre blanc.
C’est seulement après la conquête de la Grèce que l’emploi du marbre se généralisa chez les Romains ; du moins, avant cette époque, on n’avait pas coutume, à Rome, de s’en servir pour les constructions. Metellus Macedonicus, contemporain de Mummius, le destructeur de Corinthe, bâtit à Rome le premier temple de marbre ; mais bientôt cette matière y fut employée, surtout en colonnes, pour les péristyles des temples et les vestibules des maisons. Crassus l’orateur, mort en l’an de Rome 662, décora sa maison de six colonnes, en marbre du mont Hymette. Ce fut, paraît-il, le premier exemple de marbre étranger apporté à Rome pour un édifice privé. Pline rapporte qu’un an après la mort de Sylla, en l’année 676, Lepidus se bâtit une maison qui passa pour la plus belle de  la ville. Il l'orna de seuils en marbre marbre jaune de Numidie. Plus tard, on cita Lucullus pour avoir introduit chez lui un très beau marbre noir tiré de l’île de Chio cl qui fui appelé Lucullin. Ces importations de marbre étranger étaient en si grande vogue à Rome, parce qu'on n’avait pas encore découvert les carrières de Luna, en Italie, qui fournirent, dans la suite, des revêtements pour les murs des maisons, ou bien parce que les Romains ne trouvaient pas assez varié dans ses couleurs le marbre de ces carrières. Ils se mirent donc à dépouiller de leurs colonnes les édifices de la Grèce pour en orner ceux de Rome. Ils transportèrent aussi de plusieurs autres pays des blocs pour les faire travailler.
Les marbres blancs semblent avoir été les plus recherchés dans l’antiquité pour les travaux de sculpture. Le pentélique fut un des marbres qu’on exploita le plus, surtout dans l’Attique. L'île de Paros a été célèbre, de tout temps, par la beauté de ses marbres. C’était du mont Marpenus, dans cette île, qu'on les tirait. On lui donna aussi le nom de cette montagne, et celui de Ligdinum, à cause du promontoire de Paros, appelé Lygdos. Il parait que ce marbre était beaucoup plus propre que le pentélique pour les ouvrages qui exigeaient de la délicatesse. Il faut citer aussi le marbre du mont Hymette, situé dans l’Attique ; ce marbre blanc est de couleur un peu cendrée ; au temps de Xénophon, on en faisait des temples, des statues, des autels, non seulement pour Athènes, mais encore pour d'autres pays où on les exportait. On tirait encore du marbre blanc de l’île de Paros, fameuse par ses marbrières; au temps de Sénèque, ce marbre était si commun que les piscines en étaient revêtues. Lorsque les anciens exploitèrent les carrières de Luna, ils y trouvèrent un marbre plus blanc que celui de Paros, mais moins compact et donnant un moins beau poli ; c'est en grande partie de ce marbre que furent faits, à Rome, beaucoup d'ouvrages de sculpture.
Parmi les autres marbres connus des anciens, on peut citer le marbre phelleusis, tiré du mont Phellus, le marbre coralitique, qui recevait ce nom d’un fleuve nommé Coralios, en Phrygie ; ce fleuve se nommait encore Sangarius, d’où ce marbre a reçu aussi le nom de Sangarium; selon Pline, il est d’un blanc qui approche de celui de l’ivoire, et il a quelque ressemblance avec cette  substance : on la souvent confondu avec le marbre de Paros. Stace fait mention d’une autre espèce de marbre qu’il appelle marbre de Tyr, et que l’on tirait probablement du mont Liban ; il se distinguait par la finesse de son grain et par sa blancheur. Pline rapporte que le marbre de Lesbos était d’un blanc livide ; Philostrate le dit noir, ce qui donnerait à penser que la môme carrière renfermait ces deux variétés de marbre. On tirait du marbre blanc des carrières de Cyzique, en Asie Mineure. Dans les environs de la ville de Synnada, on exploitait le marbre appelé marbre phrygien.
Parmi les marbres noirs, on distingue celui de Ténare , qui était fort recherché. Le marbre de Numidie ou de Lydie porte communément le nom de noir antique. Les carrières de l’île de Chio fournissaient un marbre noir, transparent et bigarré; on le tirait surtout du mont Pélinée. On cite encore un marbre de Lydie d’un bleu noirâtre, tirant sur la couleur du fer. Le marbre obsidien était aussi de couleur noire.
Le marbre que l’on appelle rouge antique portail le nom de marmor libycum; il est aujourd’hui fort rare.
L'île de Proconèse, une des Sporades, dans la Propontide, fournissait un marbre blanc marqué de veines noires, droites, obliques ou sinueuses; on l'appelait marbre de Proconèse ou bien marbre de Cyzique, parce que Proconèse était située vis-à-vis de Cyzique, ou encore, d’après un passage de Strabas, parce que les beaux édifices de Cyzique étaient faits de ce marbre.
Le marbre du mont Taygète était fort célèbre chez les anciens; sa couleur était verte ; on le nommait aussi marbre de Laconie ; on en parait les salles; ce marbre est connu sous le nom de vert antique.
Le marbre de Caryste était d’un vert mélangé. Le marbre atracien était mélangé de blanc, de vert, de bleu et de noir ; il venait d’Atrax en Thessalie, sur le fleuve Penée. Le marbre appelé marmor tiberium ou tiberianum fut exploité en Egypte, sous Auguste et Tibère ; il était vert et avait des grains gris et d’un vert clair. Le marbre syntiadique, appelé aussi phrygien, était blanc et rouge. Le premier de ces noms lui venait de la ville de Synnas, en Phrygie; Pline cite la basilique Émilienne comme étant remarquable par ses colonnes de marbre phrygien.

Share
comments powered by Disqus