la ballustrade,accessoire de l'architecture du moyen âge est d’une grande importance ; il a préoccupé nos anciens architectes, et cela avec raison. Une balustrade de couronnement complète heureusement ou gâte un édifice, selon qu'elle est bien put mal composée, qu’elle est ou n’est padans son ensemble et ses détails, à l’échelle des divers membres architectoniques de cet édifice, qu’elle aide ou contrarie son système général de décoration. Une balustrade bien liée à la corniche qui lui sert de base, en rapport de proportions avec le monument qu'elle couronne qui rappelle ses formes de détail sans les reproduire à une plus petite échelle, dont les divisions font valoir les dimensions de ce monument, est une œuvre assez rare pour qu’il soit permis de croire que c’est là un des écueils de l’architecture du moyen âge, et pour qu’il soit nécessaire d’étudier avec grand soin les quelques beaux exemples qui nous sont restés.
L'adoption du système de panneaux divisés à chaque joint par des montants verticaux dans l’appareil des balustrades fit quelquefois ajouter des terminaisons en forme de fleurons ou d’aiguilles sur ces montants, car les architectes du XIIIème siècle, et, à plus forte raison, du XIVème siècle, n’admettaient pas dans les formes de l’architecture un montant vertical d’une certaine largeur sans le couronner par quelque chose. Pour eux, le pilastre venant se perdre dans une moulure horizontale était un membre tronqué. Mais c’est au commencement du XVIème siècle surtout que les balustrades à panneaux séparés par des montants verticaux le long du joint furent adoptées sans exception. Les compartiments à jour dont elles se composaient ne permettaient plus, par la complication de leur forme, un autre appareil.
Pendant le xve siècle, les balustrades à panneaux se rencontrèrent fréquemment, mais ce ne sont pas les seules. Ce sont alors les losanges, les triangles rectilignes qui dominent dans la composition des balustrades. Il faut remarquer que ces formes se prêtaient mieux à l’assemblage d’ajours de pierre, étaient plus solides que les formes curvilignes ; et au xvc siècle l'architecte était surtout appareilleur. Un morceau de balustrade taillé suivant la figure 2a présentait beau¬coup de résistance et s’assemblait facilement par les extrémités ÀB. L’appui, souvent d’un autre morceau, recouvrait et reliait ces claires- voies. Lorsque, pendant le xvc siècle, les balustrades étaient composées de panneaux, les montants verticaux étaient parfois saillants en forme de petits contreforts, ainsi que l’indiquent les figures 25 et 26.
Ce fut aussi pendant le XVème siècle siècle qu’on eut l'idée de sculpter, dans les ajours des balustrades, des attributs, des pièces principales d’armoiries. Nous donnons (fig. 25) des panneaux de la balustrade couronnant la nef de la cathédrale de Troyes, et dans lesquels les tailleurs de pierre du xve siècle ont figuré alternativement les clefs de saint Pierre et des fleurs de lis. La balustrade refaite, au xve siècle, à la base du pignon de la sainte Chapelle du Palais, à Paris, présente également, dans chacun de ses panneaux, une belle et grande fleur de lis inscrite dans un cercle (fig. 26). Un grand K couronné, tenu par deux anges, se détache au milieu de cette balustrade : c'est le chiffre ou la première lettre du nom de Charles VII qui la fit refaire La balustrade de l’oratoire bâti par Louis XI sur le flanc sud du même édifice porte également un L couronné.. Cet usage de placer des chiffres, des lettres dans les balustrades, fut assez généralement adopté à la fin du XVe siècle
commencement du XVIème : le château de Blois porte, sur la façade élevée par François Ier, des balustrades dans lesquelles on voit des F couronnées et des salamandres. On alla môme jusqu'à y sculpter de grandes inscriptions à jour, comme au chœur de l'église de la Ferté-Bernard, près du Mans, comme au château de Josselin en Bretagne, sur les balustrades duquel on lit la devise : A PLUS
Dans l'architecture civile de la fin du xve siècle et du commencement du XVIème, on fit souvent aussi des balustrades aveugles qui n’étaient, sous les appuis des fenêtres, que des bandeaux larges formant une riche décoration. Telles étaient les balustrades qui réunissaient les allégés de fenêtres du premier étage de l’hôtel la Trémoille à Paris (fig. 28), balustrades qui sont toutes variées, soit comme dessin, soit comme division; car il n’est pas rare de trouver une grande variété dans la composition d’une même balustrade de la fin du xve siècle et du commencement du XVIème.
Hôtel la Trémoille à Paris