Ce mot, transporté de l’italien en français, est synonyme de clocher, et signifie un édifice destiné à suspendre les cloches. Il existe trois noms différents à ces sortes d’édifices: tour, clocher et campanile.
Parmi les constructions appropriées à l’usage des cloches, il en est de forme entièrement pyramidale qui s’élèvent au-dessus du comble des églises, principalement des gothiques; c’est ce que l’on nomme le plus souvent clocher ou Flèche. Il en est d’autres qui font partie des façades des églises, et se trouvent ordinairement au nombre de deux: c’est ce que l'on nomme tour : elles sont destinées au support des grosses cloches ou bourdons, et à la décoration des façades. Il y en a une troisième espèce, en forme de tour ronde ou carrée, qu’on bâtit tout près des églises, mais dont elles ne font point partie. On les voit surtout en Italie, où cet usage est général : on les y appelle du nom générique campanile.
Campanile de Saint Marc, Venise
Le campanile de Saint Marc atteint environ 98 mètres de haut. Sa forme actuelle date des débuts du 16ème siècle, mais il a subi de nombreux incendies, souvent causés par la foudre, et fait l'objet d'une multitude de restaurations/reconstructions.
L’Italie, est remplie de ces édifices. Ils font l’ornement des villes, qui toutes ont cherché à s’y surpasser en hauteur, en richesse et en magnificence. On vante surtout le campanile de Crémone, qui est auprès de la cathédrale et d’où l’on voit tout le cours du Pô et des vastes campagnes qu’il arrose. Pour aller jusqu’aux clochers il faut monter quatre cent quatre-vingt-dix-huit marches. La partie supérieure est surmontée de deux parties octogones à jour, ornées de colonnes, ensuite d’une partie conique et d’une croix.
Le campanile de Florence est une tour de 84.7 mètres de hauteur, tout incrustée de marbre noir, rouge et blanc. Il fut bâti sur les dessins de Giotto, comme son inscription l’annonce; et, malgré les vestiges de gothique qui s’y trouvent, on ne peut s’empêcher d’en admirer le travail et la richesse. Le dessin est eu compartiments, ce qui en rend le coup-d’œil fort gai. L’empereur Charles-Quint disait, dans le ravissement où il en était, que le laisser aux veux du public était le prostituer, et qu’il mériterait d’être mis dans un écrain.
La grande élévation, jointe au peu de hase, a occasionné à plusieurs de ces édifices, en Italie, un affaissement sensible et des dehors d’aplomb très remarquables On trouve que plusieurs campaniles ont subi une inclinaison plus ou moins considérable: cet effet est sensible à celui de Ravenne, à celui de Padoue et à celui de Sainte-Agnès à Mantoue, mais particulièrement à ceux de Bologne et de Pise.
Celui de Bologne, qu’on appelle la tour Asinelli, bâti en 1109-1119, a 97 mètres de hauteur, et une importante’inclinaison. On a souvent répété que cette inclinaison était le résultat du caprice et d’un jeu volontaire de l’architecte ; cependant il est certain que l’intérieur de la tour, les tablettes des fenêtres, et jusqu’aux trous qui servirent à l’échafaudage, tout a la même inclinaison : cela semble assez prouver que cette pente ne vient que de l’affaissement du terrain, comme à Pise. On fut même autrefois obligé d’abattre le sommet de cette tour, parce qu’il menaçait ruine. On ne saurait douter que sa solidité ne vienne de sa construction, qui est de briques liées avec un ciment qui semble n’en faire qu’un seul morceau, et rend sa décomposition beaucoup plus difficile. Si l'on doutait encore une preuve que cette inclinaison est accidentelle, on la trouverait dans la tour voisine, appelée tour Garisenda , qui a 47 mètres de hauteur, et 3une lègère d’inclinaison ; mais la pente de la première est si frappante, qu’on n’aperçoit pas l’affaissement de celle-ci.
Le campanile de Pise, qu’on appelle campanile storto ou torre pendente, est un des plus remarquables ouvrages de ce genre. Sa forme, qui n’est ni d’une mauvaise proportion, ni mal décorée, est celle d’un cylindre environné de huit rangs de colonnes , posés les uns sur les autres, ayant chacun leur entablement. Le dernier rang, qui forme le clocher, est en retraite. Toutes les colonnes sont de marbre, et paraissent avoir été tirées des ruines d’anciens édifices. Chacune porte deux retombées d’arcades. Il y a un intervalle suffisant pour passer entre les colonnes et le mur circulaire de la tour.