Built In art

INCRUSTATION

Se dit de toute matière qu’'on fait entrer, n’importe par quel procédé, dans une autre matière. L’étymologie de ce mot est crusta, croûte, et elle indique avec clarté que les objets soumis au travail de l'iincrustation doivent être de peu d’épaisseur, et réduits en plaques ou lames minces, comme une croûte. L’on incruste des lames de métal dans d’autres ouvrages de métal, et une multitude de morceaux antiques nous font voir que de tout temps on avait incrusté dans les bronzes des ornements d’argent.

On incrustait des jeux d’argent dans les statues de bronze, des pierres précieuses dans les yeux des statues de marbre ou d’ivoire, etc. Le travail de l’orfèvrerie et de la bijouterie comporte une infinité de manières d’incruster, dans les ustensiles d’or ou d’argent, des substances précieuses, telles que des perles, des gemmes, des pierres gravées en creux ou eu relief.

On incruste des bois rares ou précieux dans des bois qui le sont moins, et les meubles usuels sont faits aujourd’hui selon cette sorte de pratique. L’incrustation a lieu dans un grand nombre d’ou-vrages et d’objets d’ornement employés par l’architecture. Tantôt les marbres sciés et débités en plaques minces s’incrustent les uns dans les autres, comme les panneaux de menuiserie, tantôt des morceaux ou des veines d’un marbre rare s’incrustent dans le corps d’un autre marbre, et en font une espèce de contre-façon ou de faux marbre.

Vers la fin de la république, les maisons des grands à Rome étaient revêtues de feuilles de marbre appliquées sur les murs. Cornélius Népos nous apprend que Mamurra, chevalier romain, surintendant des bâtiments de Jules César dans les Gaules, fut le premier qui revêtit sa maison, sur le mont Caelius, de feuilles de marbre sciées en morceaux grands et minces. Lépide et Lucullus Imitèrent ce genre de luxe, qui s’étendit bientôt, et devint une passion chez les gens riches.

La manie des beaux revêtements en marbre suggéra bientôt toutes sortes de procédés nouveaux pour enchérir sur un luxe déjà suranné. Sous le règne de Claude, on se mit, dit Pline, à contrefaire avec la peinture ou des mordants, sur des marbres ordinaires, les variétés de marbres rares. Hoc Claudii principatu inventum. Mais sous Néron, dit le même écrivain, on fit plus, on incrusta dans un marbre les veines ou les taches (maculas) d’un autre marbre.

Ceci avait lieu par un véritable procédé d’incrustation. Ainsi, il y a tel marbre dont les variétés, ou ce qu’on appelle les taches, consistent en plaques plus ou moins larges et irrégulières, d’une couleur de pourpre ou de toute autre qui se dessinent sur un fond blanc ou grisâtre. On découpait le contour de ces taches colorées, et on les incrustait sur des marbres vulgaires; de sorte que, le joint se confondant avec le contour de la tâche, l’œil ne pouvait s’apercevoir de la supercherie. Ainsi d’un marbre blanc on faisait un marbre numidique, et le synnadique devenait un marbre pourpré.

Le même passage de Pline nous apprend qu’on pratiquait aussi de son temps ce procédé d’incrustation, qui fait aujourd’hui le mérite de la mosaïque de Florence, où tontes sortes de dessins sont exécutés dans des tables avec des morceaux rapportés et incrustes de marbres et de pierres de couleur; ce qui produit une sorte de peinture faite avec des pierres dures.

Source: Dictionnaire Historique d'Architecture

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